La dysphasie - Circonscription Rouen Sud

La dysphasie

, par Karine Tavernier - Format PDF Enregistrer au format PDF

  • LA DYSPHASIE

1.Les troubles spécifiques et durables du développement du langage oral (dysphasies)

Le trouble spécifique du développement du langage oral ne peut s’expliquer uniquement par un déficit intellectuel, moteur, sensoriel, affectif.
Le déficit au niveau des performances verbales est sévère et durable : il perdure au delà de 6 ans et a un retentissement sur la vie quotidienne et le devenir de l’enfant.
Important : dans les dysphasies, la communication est préservée, les aspects relationnels et sociaux du langage sont investis de façon adéquate (intentionnalité, interactions...)
La dysphasie touche environ 1% des enfants d’une classe d’âge.
De façon simplifiée, trois types de dysphasies peuvent être décrits :
- Dysphasie avec atteinte de l’expression (atteinte du niveau expressif)
- Dysphasie avec atteinte de la compréhension (atteinte du niveau réceptif)
- Dysphasie mixte conjuguant les deux premiers types.
La dysphasie peut affecter la phonologie, la syntaxe et le lexique.
Quelques signes :
- Mauvaise intelligibilité du langage oral : production phonologique déviante, rendant le langage totalement ou partiellement inintelligible
- Syntaxe incorrecte (style télégraphique : forme infinitive sur-utilisée, mots fonctionnels omis …)
- Pas d’amélioration de la production par la répétition, pas de stabilité dans les formes d’un énoncé (citrouille devient citour, citourou…)
- Trouble de l’évocation lexicale (manque du mot) ou persévérations lexicales (répétitions inadaptées d’un mot évoqué précédemment)
- Construction difficile de récit même si la compréhension est bonne : récit parfois complexe ou peu informatif (dysphasie avec atteinte de l’expression)
- Trouble de la compréhension verbale, meilleure compréhension non verbale : l’enfant comprend mieux si un exemple est montré, si des gestes, des pictogrammes sont utilisés (dysphasie avec atteinte de la compréhension).
Les répercussions des dysphasies sont toujours sérieuses car :
- Elles distordent les premières relations de l’enfant avec son entourage
- Elles réduisent le champ de la communication (avec l’entourage, avec les pairs), privant l’enfant d’une source vive pour se construire et interagir avec les autres
- Elles compromettent l’accès à l’écrit (et assez souvent à certaines facettes du nombre) rendant la scolarité laborieuse et problématique
- Elles renvoient à l’enfant une image d’incompétence (scolaire, sociale, relationnelle).
Il faut donc veiller à en faire précocement le diagnostic avant que ne s’installent des dysfonctionnements et des incompréhensions graves.

L’entrée dans l’écrit aide l’apprentissage du langage oral des enfants dysphasiques. Il n’est donc pas souhaitable de retarder l’entrée dans l’écrit sous prétexte que le langage oral est déficient. L’écrit permet d’enrichir le langage oral par l’augmentation du lexique et la représentation graphique de la structure phonologique de la parole.

2. Les aménagements

Un élève n’aura pas besoin de l’ensemble de ces recommandations et inversement, il pourra avoir besoin d’autres aménagements. Les professionnels sont là pour vous conseiller.

COMMUNICATION
Problèmes au niveau réceptif
• Utiliser un langage simple, ajuster sa complexité au niveau de compréhension de l’enfant
• Parler lentement
• Articuler
• Donner un message, une consigne à la fois
• Les enfants dysphasiques présentent souvent un trouble de l’abstraction => utiliser un langage concret. De plus, ils comprennent mieux ce qu’ils peuvent voir, toucher...
• Soutenir son langage verbal avec un langage non verbal (pictogrammes, mimiques, signes, expérimentation)

Problèmes au niveau expressif
• Permettre à l’enfant de s’exprimer avec des gestes, des images…
• Accepter les erreurs expressives de l’enfant mais reformuler correctement le message mais ne pas demander systématiquement à l’enfant de répéter.

En général
• Susciter des situations de communication pour permettre à l’enfant de s’exprimer
• S’assurer de la compréhension du message (reformulation, poser des questions…)
• En groupe classe, ne permettre qu’à un seul enfant de parler à la fois

LECTURE
• Favoriser rapidement l’entrée dans la lecture : la syllabe peut être une entrée plus propice à ce type de trouble
• Travailler la conscience phonologique dont l’accès est difficile
• Les méthodes gestuelles (Borel-Maisonny - ou autre, utilisant une modalité autre que visuelle pour soutenir la lecture) sont souvent utilisées pour apprendre à lire
• Dans le cas de dysphasie très importante (surtout sur le versant expressif), l’accès à la conversion graphème-phonème (assemblage) est très difficile => un début par la mémorisation de mots (voie d’assemblage) peut permettre un démarrage moins ardu
• Faire de nombreux aller-retour entre oral, écrit, pictogrammes

ÉCRITURE
• Favoriser rapidement l’entrée dans l’écriture
• En expression écrite : réduire les attentes en quantité et préciser les exigences qualitatives => privilégier la cohérence, privilégier le fond à la forme (par exemple : accepter les ratures)
• Proposer de joindre le plan des écrits
• Favoriser l’utilisation des cartes heuristiques
• Fournir des exemples de phrases toutes faites pour répondre à certaines questions

ORGANISATION
Du fait des troubles fréquents de la perception du temps :
• Aider dans la planification séquentielle des activités
• Utiliser un calendrier avec des pictogrammes, dessins, des couleurs pour représenter le déroulement d’une journée
• Lui apprendre à utiliser un agenda préférable à l’utilisation d’un cahier de texte.
• Favoriser l’apprentissage des notions « avant/après »

Du fait de troubles possibles au niveau de la perception de l’espace :
• Favoriser un environnement stable (ne pas le changer de place dans la classe…)
• L’aider à se repérer dans l’école
• Alterner les activités verbales et non verbales
• Donner moins de devoirs à la maison (surcharge horaire avec orthophonie et autres prises en charge) mais exiger une certaine qualité

MATHÉMATIQUES
Du fait des troubles langagiers (ex. syntaxique…) des troubles au niveau de la numération sont fréquents :
• Insister sur la maîtrise de la comptine numérique, utiliser une numération plus régulière pour certains nombres difficiles (soixante-dix/septante…)
• Utiliser les constellations notamment pour faire des différences entre par exemple cent-deux et deux-cent
• Utiliser les codes couleurs pour les centaines, dizaines, unités…
• Lire les énoncés avec l’élève et s’assurer de la compréhension

Du fait de difficultés d’abstraction et de généralisation souvent observées dans la dysphasie :
• Découper les problèmes en étapes (ou souligner les étapes de différentes couleurs)
• Utiliser du matériel à manipuler
• Utiliser la schématisation
• Varier les contextes…

ÉVALUATION
• Évaluer une compétence à la fois (langage ou autre chose)
• Évaluer la compréhension en permettant à l’enfant d’utiliser du matériel non verbal
• Donner plus de temps ou diminuer la quantité du travail tout en restant exigeant sur la qualité
• Répartir les évaluations dans le temps (semaine, mois)

La dysphasie est souvent associée à des éléments dyspraxiques (de légers à sévères). Dans ce cas, se référer également aux aménagements proposés pour la dyspraxie.

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