LA DYSLEXIE

1. Les troubles spécifiques et durables du développement du langage écrit (dyslexies)

Le trouble spécifique de l’apprentissage de la lecture ne peut s’expliquer uniquement par un déficit intellectuel, moteur, sensoriel, affectif.
Le déficit au niveau des performances en lecture est sévère et durable.
Important : le diagnostic ne peut pas être posé avant la fin du CE1 (retard de lecture d’au moins 18 mois).
La dyslexie touche environ 5 à 8% des enfants d’une classe d’âge.
De façon simplifiée, deux types de dyslexie peuvent être décrits :
- Dyslexie liée à un trouble phonologique (la plus courante) : difficultés à acquérir les correspondances graphèmes-phonèmes, et par conséquent à décoder les mots selon la procédure phonologique (bien visible lors de lecture de pseudomots). Cette limitation initiale entrave l’acquisition du lexique orthographique, dont dépend l’automatisation de la lecture (trouble lexical).
- Dyslexie liée à un trouble visuo-attentionnel (réduction de l’empan visuo-attentionnel) : difficultés à constituer un lexique orthographique.
Quelques signes possibles :
- Difficultés à décoder l’écrit (difficultés pour lire des non-mots : volipon – trolina…), lenteur, erreurs de régularisation sur les mots irréguliers, erreurs sonores (ex : k/g, t/d,...), paralexies (dire un mot pour un autre : tabac/table), erreurs visuelles (p/q, a/o, m/n) …
- L’orthographe est très défaillante, parfois non phonétique et loin de la cible
- Grande lenteur dans toutes les activités comprenant de l’écrit (lecture ou écriture : copie des leçons et expression écrite) d’où une grande difficulté pour traiter un devoir en entier
- Les écrits sont peu lisibles dans leur contenu et leur forme (graphisme, orthographe et segmentation des mots, ex : « il laver caché la ache derier l’arbre / il avait caché la hache derrière l’arbre »)
- Difficultés de compréhension, mais meilleure compréhension quand l’énoncé est oralisé ! En effet, la difficulté de compréhension en lecture est liée à la difficulté d’identifier les mots écrits.
– difficultés pour s’organiser
– Concentration perturbée par les bruits
– Difficultés visuo-attentionnelles
– Troubles mnésiques et mémoire de travail pas toujours efficiente
Les enfants atteints de dyslexie et notamment de dyslexie phonologique ne parviennent pas à automatiser le décodage. Par conséquent, la charge cognitive, les ressources attentionnelles impliquées pour la lecture sont très importantes pour ces enfants. Ceci a des répercussions sur les tâches devant être exécutées en même temps que l’identification des mots, comme la compréhension.
Ces difficultés à traiter l’écrit, et donc à suivre en classe, peuvent être la cause de comportements et attitudes inadaptés avec baisse de l’estime de soi : agitation, inattention, renoncement, indifférence...et une grande fatigabilité.

2. Les aménagements pour un élève dyslexique

Un élève n’aura pas besoin de l’ensemble de ces recommandations et inversement, il pourra avoir besoin d’autres aménagements. Les professionnels sont là pour vous conseiller.

LECTURE
De façon générale :
• Développer la conscience phonologique en manipulant les syllabes, utiliser les gestes Borel-Maisonny
• Permettre à l’enfant de lire à mi-voix
• Laisser plus de temps à la réalisation de la tâche, alléger la tâche
• Tutorat : aide à la relecture des consignes par exemple avec un lecteur plus expert.
• Quand c’est possible, privilégier une réponse orale plutôt qu’écrite.
• Utiliser les livres audios (sites gratuits : www.audiocite.net ou www.litteratureaudio.com)
• Enlever les distracteurs (images et textes non nécessaires)
• Encourager, valoriser, mettre en confiance, mettre en valeur les réussites…

LECTURE
Lorsque l’enfant est face à un texte :
• Proposer un support clair et aéré : double espace entre les mots et double interligne.
• Proposer une police adaptée comme Opendys, Arial, Verdana …et agrandie.
• Surligner une ligne sur deux en couleur
• Proposer une adaptation en syllabique ou mettre en évidence les sons complexes en les colorisant (voir lirecouleur.arkaline.fr ou lirecouleur.arkaline.fr/web.html)
• Proposer l’utilisation de la règle, d’un cache pour suivre les lignes
• Ne pas forcer l’enfant à lire à haute voix mais favoriser la lecture en chœur, à deux voix…
• Mettre en évidence les choses importantes (utilisation du gras, des puces, de la couleur…)
• Utiliser plutôt une feuille de couleur jaune ou bleutée pour bien faire ressortir les contrastes.
• Mettre visuellement en évidence les choses importantes (utilisation du gras, des puces, de la couleur…)
• Éviter les consignes multiples et les exercices qui nécessitent de l’attention partagée

Lorsque l’enfant est face à un texte avec questions :
• Permettre à l’enfant de prendre connaissance de la question avant de lire le texte
• Permettre à l’élève d’utiliser des surligneurs pour surligner pendant la lecture la phrase qui permet de répondre à la question
• Laisser plus de temps pour la lecture des consignes ou demander à un autre élève de lire la consigne à haute voix


ÉCRIT
• Fournir la photocopie des cours sur un support clair et aéré
• Ne pas faire copier les énoncés : en général, éviter la copie
• En expression écrite : réduire les attentes en quantité et préciser les exigences qualitatives => privilégier la cohérence, privilégier le fond à la forme (par exemple : accepter les ratures)
• Éviter la copie au tableau, donner le texte à copier sur le bureau de l’élève pour éviter les changements de plan.
• Adapter les dictées : allégées, à trous, dictée-copie…
• Proposer de joindre le plan des écrits
• Favoriser l’utilisation des cartes heuristiques
• Favoriser l’utilisation d’un matériel informatique en classe


ORGANISATION
• Seuls les outils nécessaires sont sur le bureau
• Aider au rangement des affaires, au collage des feuilles dans le cahier…
• Utiliser le plus possible un emploi du temps pour visualiser les activités à venir à l’aide de pictogrammes ou de couleurs. Le faire participer dans la fabrication et la conception de celui-ci
• Donner moins de devoirs à la maison (surcharge horaire avec orthophonie et autres prises en charge) mais exiger une certaine qualité
• Vérifier les devoirs dans l’agenda
• Apprendre à utiliser des surligneurs


MATHÉMATIQUES
Du fait de difficultés possibles avec les nombres :
• Insister sur la maitrise de la comptine numérique à l’oral

Du fait des troubles potentiels de la mémoire de travail :
• Entretenir le calcul mental, donner les tables de multiplication, permettre l’utilisation de la machine à calculer pour la résolution de problèmes

Du fait de troubles potentiels au niveau visuo-spatial :
• Il peut être nécessaire d’utiliser des colonnes de couleurs pour poser les calculs, d’apporter des aides en géométrie (logiciel spécifiques)
• Faire attention à l’inversion possible des chiffres, signes mathématiques


GRAPHISME
• Autoriser une écriture large sans respect des interlignes.


ÉVALUATION
• Mettre en place un système d’évaluation à l’oral pour redynamiser l’élève et prendre en compte ses savoirs et connaissances
• D’une façon générale, valoriser les connaissances par le verbal
• Donner plus de temps ou diminuer la quantité du travail tout en restant exigeant sur la qualité
• En dictée, limiter l’écrit ou donner des dictées à trous ou à choix multiples uniquement sur les accords
• Lorsque l’évaluation consiste à répondre à des questions sur un texte, faire lire ou lire les questions avant le texte
• Répartir les évaluations dans le temps (semaine, mois)
• Permettre l’utilisation d’outils de sous mains (aides mémoire)