Cellule d'aide et d'écoute psychologique - Circonscription Rouen Sud

Cellule d’aide et d’écoute psychologique

, par Karine Tavernier - Format PDF Enregistrer au format PDF

CELLULE D’AIDE et D’ÉCOUTE PSYCHOLOGIQUE

DÉFINITION :

La cellule d’écoute psychologique est à distinguer de la cellule d’urgence.

L’objectif de cette dernière est d’intervenir, sur directive préfectorale, dès lors qu’un événement à valeur de catastrophe se produit dans le Département ou la Région et nécessite la mise en place d’un plan d’urgence (blanc ou rouge).

Dans ce cadre, l’écoute n’appartient pas aux seuls psychologues, alors que la cellule d’écoute que nous proposons se définit ainsi :

  1. Intervenir dans les lieux scolaires uniquement
  2. Quand l’impact traumatique d’un événement a affecté un ou plusieurs membres de la communauté scolaire, adulte ou enfant.
  3. Le travail d’écoute fait partie des missions des psychologues de l’Éducation Nationale.
  4. La cellule d’écoute psychologique permet ainsi un travail d’élaboration au plan psychique.

Il est donc nécessaire pour le psychologue Éducation Nationale de se positionner quant à son désir de faire ou non partie du groupe des psychologues volontaires.

OBJECTIFS GÉNÉRAUX :

Limiter les effets traumatiques de l’événement par une invitation individuelle et collective à la symbolisation et à la parole.
Permettre à la communauté scolaire d’intégrer l’événement et de produire des réponses culturelles pouvant servir de repères aux enfants et aux familles.
Détecter les enfants les plus choqués par l’événement ainsi que ceux dont les problèmes psychologiques latents se sont manifestés à cette occasion et faire des propositions de consultations extérieures.
Aider le psychologue du secteur à reprendre progressivement l’écoute dans le cadre habituel.

LES MODALITÉS D’INTERVENTION :

Le préalable de l’intervention est la sollicitation faite à la cellule d’écoute psychologique par le psychologue du secteur ou l’équipe enseignante, sous l’autorité de l’I.E.N.

Le psychologue de la circonscription concernée assure la coordination sous l’autorité de son I.E.N., il juge lui-même de l’opportunité de participer ou non aux travaux de la cellule d’écoute. Les psychologues constituant la cellule d’écoute doivent intervenir très rapidement, si possible dans la demi-journée qui suit la connaissance des faits.

Dans la mesure du possible, tous les membres du groupe participent à toutes les actions mises en œuvre d’un bout à l’autre de l’intervention afin que celle-ci soit la plus ample possible dès le début.
Deux psychologues au moins sont nécessaires pour intervenir sur le point d’impact qui est le plus souvent la classe. Ailleurs, les interventions peuvent se faire de manière individuelle.
Les psychologues évaluent au fur et à mesure de leur intervention si la présence de tous est nécessaire ou si le groupe peut être restreint.

Par exemple : (les cas cités ont été vécus par les psychologues intervenants)

• Un enfant de Cours Préparatoire décédé en septembre quelques jours après la rentrée n’est pas connu dans l’école sauf par son enseignante et les enfants de sa classe, ainsi le nombre de psychologues peut être restreint.
• Dans une école, un enfant meurt brutalement d’un arrêt cardiaque en jouant avec ses camarades, nécessitant l’intervention des pompiers et des moyens logistiques lourds, a profondément choqué la communauté scolaire de cette école rurale maternelle et primaire, tous les enfants et les enseignants ont été impliqués et éventuellement témoins, un nombre plus important de psychologues sera requis.

Des enseignants remplaçants peuvent se révéler d’une grande utilité pour soulager les enseignants les plus choqués et le directeur afin qu’il puisse aider la cellule d’écoute à se repérer, à prendre connaissance de la situation, et qu’il puisse contacter les familles afin d’obtenir les autorisations d’entretiens individuels.

Si l’on pouvait résumer en un schéma très simple voilà comme il pourrait s’articuler :

  1. Le psychologue du secteur a connaissance de l’évènement et a une demande de la direction de l’école.
  2. Le psychologue évalue l’intensité du drame survenu et demande à des collègues psychologues d’autres circonscriptions leur aide.
  3. Le psychologue se met immédiatement en relation avec l’I.E.N. pour faciliter la venue dans l’école de remplaçants de un à plusieurs selon la nature de l’événement et des psychologues d’autres circonscriptions.
  4. Le dispositif mis en place, avant l’arrivée des élèves et l’heure de début de la classe, une réunion est organisée avec la communauté scolaire dans son intégralité pour écouter la demande des enseignants (l’expérience a souvent montré que certains enseignants profondément choqués n’était pas en mesure de commencer la classe avec leurs élèves, dans ce cas un psychologue peut se proposer de l’accompagner et de le soutenir soit en l’accompagnant le temps qu’il faut dans la classe ou en dehors de la classe dans un lieu calme et à l’écart, jusqu’à ce qu’il soit en mesure de reprendre son service : la présence des remplaçants trouve ici toute sa justification).
  5. A la fin de chaque demi-journée cette réunion générale entre psychologues et enseignants s’impose pour évaluer les besoins et faire le bilan de cette demi- journée et enfin concerne l’organisation de l’après-midi.
  6. Une lettre d’information succincte et adressée aux parents pour leur faire part de l’évènement, de l’émotion de l’école et les inviter, s’ils le souhaitent, à rencontrer les psychologues pour les écouter dans leur désarroi (face à l’événement et les paroles de réconfort à adresser à leurs propres enfants).
  7. Les jours passant mènent à l’extinction de la cellule une fois que la communauté scolaire en a formulé la demande et soit en mesure de reprendre le cours normal du service.
  8. Les médias de toute sorte sont constamment tenus à l’écart et aucune personne ne s’autorise à s’exprimer par ce canal.

NATURE DES SITUATIONS CONCERNÉES :

Dans l’état actuel de la sensibilité sociale aux événements dramatiques et de l’intérêt pour les réponses proposées par les psychologues, les interventions de la cellule d’écoute doivent se limiter aux situations ayant des effets traumatiques collectifs au sein des communautés scolaires.
Cette définition circonscrit un ensemble de situations dramatiques qui déstabilisent les représentations culturelles sur lesquelles est fondée l’éducation.

Le plus souvent, ce sont des situations entraînant une mort brutale et imprévisible par accident, suicide, assassinat d’un ou de plusieurs membres de l’équipe éducative, d’enfants ou d’adultes.
• Accident de la circulation ayant des conséquences tragiques,
• Catastrophes naturelles particulièrement traumatiques, incendies, inondations …
• Situation dramatique dans laquelle serait impliqué un élève, même de manière indirecte, acte de violence, crime.
• Mort d’un enseignant.

CONDITIONS NÉCESSAIRES A UNE MISE A DISPOSITION PERMANENTE :

Besoin en formation
La formation des psychologues volontaires s’inscrit dans une double perspective :
• Une perspective fondamentale, concernant le concept même de cellule d’écoute, dans ses dimensions théoriques, pratiques et cliniques.
• Une perspective institutionnelle vers la création de plusieurs cellules d’écoute sur le département.
Elle peut revêtir deux formes :
• Des stages de formation continue
• Des rencontres de régulation du travail

COMMENTAIRE FINAL

Ce dispositif a été éprouvé lors de nombreuses cellules d’écoute psychologique et a fait ses preuves.

Les I.E.N. ont toujours montré un soutien indéfectible aux psychologues en leur faisant confiance.

Nous tenons à préciser que les « cellules d’urgence » ne correspondent pas à notre manière de procéder, les psychologues favorisent l’écoute et ne veulent pas « faire parler les personnes à tout prix » :

Les méthodes de débriefing ont fait leur preuve dans le cadre d’attentats ou de plans rouges (graves accidents collectifs) mais n’ont aucune commune mesure avec un travail d’élaboration dans les écoles maternelles et primaires.

Les psychologues de l’éducation nationales connaissent bien ce terrain et travaillent dans un esprit d’apaisement en évitant le « pathos », en s’appuyant sur la demande de la communauté concernée.

GROUPE DES PSYCHOLOGUES EN MILIEU SCOLAIRE DE LA REGION ROUENNAISE - Fait à Rouen le 27/12/2010

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Interlignage double ?